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Dispositif Jeunes Diplômés, un coup de pouce en mode gagnant-gagnant !

jeunes diplomes

clock Publié le 23 Mars 2021

D’un côté, il y a des jeunes fraîchement diplômés, compétents et motivés, qui ont du mal à trouver leur premier emploi sur fond de crise sanitaire et économique. De l’autre, il y a des chefs d’entreprise qui ont des projets à mettre en œuvre pour innover ou se développer mais hésitent à recruter en ces temps incertains. La Région a eu l’idée de les mettre en relation via son nouveau dispositif « Jeunes diplômés ». Explications, mode d’emploi et témoignages…

Dispositif clos en novembre 2022.

Jeunes Diplômés, comment ça marche ?

Le dispositif est accessible aux jeunes diplômés de bac + 2 à bac + 5, âgés de moins de 30 ans. Concrètement, le jeune diplômé effectue 17 semaines de stage pour réaliser un projet en lien avec ses ambitions professionnelles et passe également 4 à 7 semaines en formation afin d’acquérir des compétences complémentaires. A ce jour, 500 jeunes ont bénéficié du dispositif. 

Les petits plus : le coût pédagogique et la rémunération (685 € mensuels) sont pris en charge par la Région Normandie et le Fonds social européen. En cas de stage éloigné du domicile, des aides à la mobilité (50 à 250 € par mois) et au logement peuvent être attribuées. 

Un objectif double... voire triple

« C’est vraiment un dispositif gagnant-gagnant-gagnant : gagnant pour l’entreprise, gagnant pour le jeune, mais aussi pour la région qui garde ainsi ses jeunes talents sur son territoire. La durée de 5 mois est très intéressante car elle permet un retour sur investissement, contrairement à un stage de 2 mois qui est trop court. »

Christophe Darcet, PDG du Comptoir Colonial à Isneauville

L’objectif est double : aider les jeunes diplômés sortis de formation depuis 2019 à acquérir une expérience valorisante sur leur CV et en même temps, donner un coup de pouce aux entreprises, associations et collectivités - et à l’ensemble de l’économie normande - en permettant la réalisation d’un projet dormant ou émergeant. En d’autres termes, un projet qui n’aurait pu voir le jour autrement, faute de moyens et/ou de compétences, particulièrement en cette période de turbulences.

Une réelle opportunité pour les entreprises

« Pour nous, c’est une chance inespérée et une grande bouffée d’oxygène. Nous avons une activité de niche en plein développement et de beaux projets. La présence de ces jeunes bourrés de talent et d’idées nous donne de l’énergie et des perspectives »

Cécile Vialla, fondatrice de la Maison de parfum Berry à Rouen

Ayant récemment créé un concours international qui détecte les jeunes parfumeurs de talent du monde entier (Corpo 35 Perfume Awards), la Maison de parfum Berry accueille trois jeunes diplômés :

  • Marina Hill, diplômée d’un master Management et commerce international spécialisation Amérique latine, est chargée de faire connaître la marque Collection35 à l’international et de développer de nouveaux marchés et points de vente.
  • Emilie Faye, titulaire d’un Global Bachelor in Business Administration de la Neoma Business School, analyse les points forts et la singularité de la marque pour proposer un positionnement plus visible et cohérent.
  • Yoann Hautot, ses deux masters de droit en poche, avait envie de compenser par une première expérience professionnelle le stage de fin d’études dont il a été privé par le Covid, comme tant d’autres. Aux côtés de Cécile Vialla, il assume des fonctions de juriste, épaulé par l’avocat qui conseille l’entreprise.

« La charge de travail est importante et les défis ne manquent pas. Mais c’est très stimulant : nous apprenons beaucoup, nous partageons plein de choses et avons l’impression d’être vraiment utiles à l’entreprise, chacun dans sa mission. »

Yoann Hautot, stagiaire "Jeunes Diplômés" à la Maison de parfum Berry

Une légitimité retrouvée pour les jeunes

« Après mon BTS Tourisme, en juin dernier, j’ai vécu une période de chômage qui a été très compliquée à vivre. J’avais totalement perdu la motivation et la confiance en moi. Je mesure donc chaque jour la chance que j’ai d’être ici. »

Elise Graindor, stagiaire "Jeunes Diplômés" chez Caux Seine Développement

Le sentiment d’être utile, reconnu et d’avoir retrouvé une légitimité revient souvent dans la bouche des jeunes stagiaires.

Elise Graindor, a démarré début février une mission de digitalisation des commerces de proximité pour Caux Seine Développement, l’agence de développement économique de Caux Seine Agglo, basée à Port-Jérôme-sur-Seine : "j’ai été tout de suite intégrée à l’équipe, je me sens parfaitement à ma place, je n’ai pas du tout l’impression d’être une stagiaire."

"Elise a tout de suite compris l’importance de sa mission et elle a été très réactive dans la mise en place d’un plan d’action. Pour nous la digitalisation des commerces est un enjeu essentiel, surtout dans le contexte actuel. Avoir quelqu’un de compétent et de motivé à plein temps change profondément la donne et nous permet d’offrir des réponses personnalisées, confirme Stéphanie Kittler, sa tutrice. Du coup, sa présence nous a immédiatement semblée évidente et indispensable." Un sentiment partagé par bon nombre d’employeurs. Au point que certains envisagent déjà de donner une suite, en prolongeant par exemple le stage par un contrat d’alternance.

La formation, un vrai plus

« Les stagiaires ont des profils très variés, aussi bien littéraires que scientifiques ou commerciaux, cela crée un brassage très intéressant et des échanges très riches. Ils sont tous dans le même bateau et s’entraident mutuellement. »

Isabel Jeammet, formatrice chez Retravailler

Employeurs comme stagiaires le soulignent : l’un des points forts du dispositif Jeunes diplômés est son volet formation. Chaque jeune passe cinq fois une semaine en organisme de formation pour suivre différents modules : gestion de projets, développement personnel, numérique ...

Certaines structures investissent aussi dans les formations "sur-mesure" : aux Copeaux numériques, où il est "facilitateur en agriculture urbaine", Baptiste Lefevre a ainsi suivi une formation en animation qui lui ouvre de nouvelles perspectives (lire son témoignage ci-dessous). Quant à Elise Graindor, son entreprise Caux Seine Développement lui a offert une formation aux logiciels de graphisme et mise en page pour qu’elle puisse gagner en autonomie et en créativité. 

Prolongation du dispositif

La Région Normandie renouvelle l'expérience en prolongeant les entrées jusqu'en novembre 2022 : 835 parcours pour un budget de 6,6 millions d'€ dont 4 millions consacrés à la rémunération.

3 questions à un organisme chargé de la mise en œuvre du dispositif

Cécile Fondard, responsable pédagogique de Retravailler EGP en Seine-Maritime

Quels sont les principaux atouts de ce dispositif ?

Pour les jeunes, c’est de pouvoir acquérir l’expérience requise par les employeurs sur le marché de l’emploi, d’être à nouveau actifs et de retrouver du lien social tant en centre de formation qu’en entreprise. Ils reprennent confiance en eux et s’aperçoivent que leurs acquis restent toujours valables, même s’ils n’ont pas trouvé de travail juste après leur sortie d’études.

Quant aux employeurs, cela leur offre l’opportunité de développer une mission dormante alors que leur situation économique ne leur aurait pas permis de recruter, donc de réaliser quelque chose qu’ils n’auraient pas pu réaliser autrement. Beaucoup ont aussi envie de donner une chance aux jeunes dont ils ont conscience des difficultés d’insertion.

Le volet formation est également un plus. Il permet aux jeunes d’acquérir des compétences pratiques notamment en pilotage et management de projet, en numérique et en insertion professionnelle. Les jeunes viennent d’horizons divers et nous nous efforçons de leur apporter les connaissances applicables sur le terrain, en lien avec leurs attentes et celles de l’entreprise.

Tous les secteurs d’activité sont-ils concernés ?

Oui absolument, tous les secteurs et tous les types de structures. Nous avons autant d’offres de collectivités, d’associations et d’entreprises, petites et grandes, dans tous les domaines : industrie, aéronautique, automobile, banque, environnement, agriculture, logistique, loisirs, artisanat, sport... Nous commençons aussi à toucher des plus petites collectivités et des secteurs plus ruraux. Nous avons beaucoup de demandes en communication, web marketing, graphisme, communication digitale, et nous n’arrivons pas toujours à proposer des profils ! Les jeunes ayant ce profil restent souvent moins d’une semaine dans nos fichiers. Nous manquons aussi de jeunes en management, ressources humaines et comptabilité alors que nous avons des missions intéressantes à proposer.

Quels conseils donnez-vous à des jeunes qui souhaitent être candidats ?

Le maître-mot est la motivation. Mais ils l’ont tous ! Il faut aussi qu’ils soient disponibles car cela peut aller très vite. La semaine dernière, j’ai fait passer un entretien le jeudi et une heure après, l’affaire était conclue et le jeune commençait le lundi. 

Dans tous les cas, les jeunes ne doivent pas hésiter à nous contacter, même pour un simple renseignement. Il n’y a aucune obligation à accepter une mission. La notion d’adhésion et d’épanouissement est essentielle. Nous voulons que le jeune et l’entreprise choisissent de travailler ensemble. Chacun est libre de refuser un candidat ou une mission. Il faut que ça "matche" entre les deux. Il s’agit de faire se rencontrer un profil et un projet, cette notion de binôme est essentielle.

Témoignages de jeunes concernés par le dispositif

Baptiste Lefevre, "facilitateur en agriculture urbaine" au Kaléidoscope  

Au Kaléidoscope, tiers-lieu situé à Petit-Quevilly, il est chargé de superviser l’activité des jardins partagés et des espaces extérieurs, ouverts au public. "Depuis l’été 2020, il s’est créé une petite communauté d’utilisateurs qui viennent partager des savoirs et des expériences. Les gens ont envie de choisir ce qu’ils mettent dans leur assiette. J’anime des ateliers et j’ai reçu une formation pour cela." Parallèlement, il s’occupe d’un laboratoire d’expérimentation autour du végétal. "Nous récupérons et recyclons les déchets du Kaléidoscope (marc de café, copeaux de bois de l’atelier, carton) et le transformons en substrat qui va servir à faire pousser des champignons comestibles."

« J’apprends plein de choses. Il y a aussi beaucoup d’interactions humaines. Cela m’ouvre des horizons nouveaux et cela me permet de me constituer un réseau professionnel que je n’avais pas. »

Baptiste Lefevre

Il participe également à l’expérimentation du Farmbot (robot maraîcher qui peut semer, arroser, désherber et même mesurer l’hygrométrie du sol). "Notre objectif est de comparer l’apport de la robotique dans l’agriculture et sa complémentarité avec l’action humaine. Nous allons donc planter les mêmes espèces sur les parcelles cultivées par l’homme et par le robot et observer ce qui se passe. Mes semaines sont donc bien chargées !"
Ses études étant plutôt axées sur l’environnement et les milieux naturels, cette nouvelle expérience tournée vers l’agriculture et l’agronomie est un plus.

Antoine Hugo teste la "faisabilité du développement d’un drone médical" chez Normandie AeroEspace (NAE)

Du haut de ses 23 ans, Antoine Hugo garde un calme qui contraste avec la taille de l’enjeu. Tout juste sorti de son stage de fin d’études d’ingénieur, il a intégré Normandie AeroEspace, le groupement d’acteurs normands évoluant dans les domaines aéronautique, spatial, de défense et de sécurité, pour défricher un sujet qui pourrait faire l’objet d’une première nationale. D’ici la fin de son stage, avant l’été, ce passionné de nouvelles technologies devra déterminer si oui ou non, faire voler un drone au-dessus de Rouen pour transporter des échantillons de sang et des médicaments entre différents établissements hospitaliers est “faisable”.

« C’est le CHU de Rouen qui commande ce projet, c’est du costaud. Ça me met une certaine pression. »

Antoine Hugo

Antoine vient d’enclencher la deuxième phase de sa gestion de projet : réunir les acteurs concernés par le développement d’une telle initiative, qui permettrait de diviser par trois le temps de transport pour ce service quotidien, et souvent vital. Son tuteur de stage, Samuel Cutullic, en convient : “Pour nous, c’est plus qu’un stage. Il ne va pas s’ennuyer dans cette mission, mais le risque est important : si on lance ces partenaires sur le projet, il faut aller au bout.” De quoi responsabiliser un peu plus le jeune Antoine, qui pourra se vanter, si cela fonctionne, d’avoir été l’un des maillons de cette performance d’innovation.

Manon Serre et Florence Delobel : une vocation et une belle rencontre

Florence Delobel a lancé voilà dix ans Vitamines, son cabinet de conseil en stratégie et marketing, à Mont Saint-Aignan. Pour cette cheffe d’entreprise qui fonctionne “au feeling”, un seul échange téléphonique a suffi pour apprécier l’enthousiasme et la détermination de Manon Serre, jeune diplômée issue d’un master Marketing de vente. Déjà, le futur succès de leur collaboration ne faisait aucun doute.
“Manon m’a dit qu’elle avait toujours voulu être consultante en marketing. C’est un métier d’une richesse formidable mais aussi d’une exigence extrême, pour lequel il faut être particulièrement courageux quand on débute. En 48 heures, la convention était signée”, raconte la tutrice, ravie d’accueillir pendant 5 mois l’une des représentantes de la toute première promotion du dispositif Jeunes diplômés.

« Ce type de poste, elle aurait mis 10 ans à l’avoir ! »

Cécile Fondard, référente pédagogique de Manon

En quelques semaines, les deux femmes ont développé une réelle complicité au service de l’entreprise. “Il y a une évidence qui s’est installée. C’est une belle histoire, une belle rencontre”, s’enthousiasme Florence, qui tire profit de la rapide “maturité professionnelle” acquise par son élève. D’études de marché en diagnostics, Manon a endossé des responsabilités, pris en charge “de gros dossiers” et apporte déjà elle-même des recommandations aux clients de Vitamines. “Ce type de poste, elle aurait mis 10 ans à l’avoir !”, se réjouit sa référente pédagogique, Cécile Fondard, de l’organisme Retravailler en charge du dispositif. “Pas étonnant que Manon soit aussi épanouie, à l’aise et active dans sa mission. Avec Florence, elles se sont bien trouvées.”

Louis Pichon et Frédéric Rabin : Veragrow ou les avantages d’un stage en start up

Louis Pichon et Frédéric Rabin, tous deux âgés de 24 ans, ont rejoint pour 5 mois la start up rouennaise Veragrow, spécialisée dans le lombricompostage. Chacun s’est vu proposer une mission parfaitement adaptée à son profil, dans un environnement de travail convivial et dynamique.

« Pour moi qui veux devenir UX designer et travailler sur les interactions web, c’est l’occasion de cadrer mes envies et mes ambitions. »

Louis Pichon

Louis est chargé d’améliorer la visibilité et l’ergonomie de la vitrine web de Veragrow, outil essentiel de développement de l’entreprise. Titulaire d’un bac + 3, Louis avait d’abord projeté de trouver une alternance pour poursuivre en master mais compte tenu du contexte, il a dû renoncer. Après un stage de communication dans une entreprise de services, il est tombé sur cette offre de Veragrow : "L’UX design est un nouveau métier, surtout recherché par les banques et les assurances qui ne veulent que des gens expérimentés. Ce stage me donne donc un peu d’avance pour la suite. Alexandre Bocage nous a donné à chacun des objectifs très conséquents pour des juniors, c’est très stimulant."

Pour sa part, Frédéric gère l’import-export de matière agronomique en relation avec une entreprise brésilienne : "Je sers d’intermédiaire pour communiquer avec le contact. Du technique et un volet commerce international, c’est ce qui m’intéressait. J’ai suivi une formation initiale en biologie moléculaire à Mont-Saint-Aignan, puis un master en biologie humaine. La suite logique était un stage en laboratoire public, mais je voulais quelque chose de plus concret, avec un volet international. Louis m’a présenté Alexandre Bocage, qui codirige Veragrow : il cherchait un intermédiaire pour communiquer avec un Brésilien, et je suis Franco-Brésilien !" Un heureux hasard qui lui donne aujourd’hui l’occasion de passer un cap : "Une expérience dans ce type d’entreprises est très enrichissante. Je travaille avec des chambres de commerces internationales, et en tant que responsable des relations internationales : je n’aurais jamais pu faire ça ailleurs !"

Le conseil aux employeurs

Pauline Gattari

par Pauline Guattari, chargée de relations entreprises pour Retravailler Rouen

"Il est important de se mettre à la portée du candidat pour bien lui faire comprendre les tenants et aboutissants de la mission proposée. Plus une mission est détaillée, plus elle est rapidement pourvue. Au-delà du diplôme, il faut aussi insister sur les qualités humaines attendues pour nous permettre de cibler au mieux nos recherches. Nous sommes là pour aider l’entreprise à mieux formuler son offre. Nous avons une vraie mission d’accompagnement des entreprises et des jeunes, avant, pendant et après le recrutement."

Tous concernés !

Vous êtes une entreprise/association/collectivité normande et vous souhaitez proposer une mission à un jeune diplômé ? Vous avez dans vos contacts des jeunes diplômés qui ont du mal à trouver un emploi ? Invitez-les à envoyer leur CV ou contactez l’organisme référent dans votre département. Et n’hésitez pas à parler du dispositif Jeunes diplômés sur les réseaux sociaux ! 

Contacts

Calvados : Retravailler dans l’Ouest

antenne.calvados@retravailler.org
02 33 26 68 35

Eure : Retravailler EGP

djd27@retravailler.org
02 32 28 43 16

Manche : ADEN formations

jeunesdiplomesmanche@adenformations.com
02 31 44 32 11

Orne : Retravailler dans l’Ouest

antenne.orne@retravailler.org
02 33 26 68 35

Seine-Maritime : Retravailler EGP

djd76@retravailler.org
02 35 58 27 31

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